Agir sur le stress et les impacts psychologiques des attentats

La peur est l’arme psychologique favorite des terroristes. Si nous devons aujourd’hui faire face à  ces actes nous devons aussi agir au mieux pour ne pas en subir les conséquences.
Un évènement traumatique comme l’attentat du 13 novembre peut entrainer pour les victimes comme pour leur proches et toute autre personne venant à connaissance de l’événement, une effraction dans le psychisme. Celle ci provoque une incapacité à traiter correctement l’information au niveau neuronale, ce qui a comme conséquence une absence d’intégration de l’événement, une incapacité à élaborer, digérer et réparer la blessure psychique.
C’est ce que l’on appelle plus communément un traumatisme.
C’est une blessure psychique, comparable a une blessure corporelle, mais que l’on situe au niveau du psychisme donc invisible.
On peut cependant agir.

En  intervenant  dans les 72 heures suivant l’événement nous avons la possibilité de procéder à une intégration et à une « digestion » de l’événement en faisant appel à notre capacité de résilience naturelle. C’est-à-dire à la possibilité d’élaborer l’événement sans développer un syndrome de stress post traumatique.
Celui ci est caractérisé par des signes cliniques facilement identifiables comme : un état d’hypervigilance, une reviviscence de la scène sous forme de flash, il peut s’agir d’odeurs,  de sons, d’images réelles ou créés par l’imagination, odeurs etc., des troubles du sommeil, dispersion psychique, des difficultés à se concentrer, un manque d’intérêt généralisé, un isolement social, des conduites d’évitements, des idées noires… la liste n’est pas exhaustive.
Pour faire face aux possibles dégâts psychiques provoqués par un acte de terreur quel qu’il soit nous pouvons observer quelques consignes simples mais efficaces :

– Considérer qu’il est normal d’être dans un état de détresse et d’incompréhension face à un tel événement.

– Accepter de devoir traverser des étapes nécessaires qui permettront de l’intégrer et ne pas développer un état de stress post traumatique. Étapes qui peuvent s’apparenter à celles du deuil

– Boire beaucoup d’eau afin d’éliminer les toxines accumulées dans le corps suite à l’impact traumatique

– S’alimenter de façon saine afin de fournir au corps les éléments nutritionnels qui permettent de le réparer

– Ne pas consommer d’alcool ni des toxiques

– Pratiquer des exercices de respiration et de relaxation plusieurs fois par jour afin de réguler le taux des hormones du stress dans le sang et donner au cerveau des informations qui ne génèrent ni du stress ni de la peur

– Faire du sport permet d’une part d’évacuer les toxines accumulées suite au stress et de reprendre contact avec son corps. Lors d’un choc traumatique nous assistant souvent à un phénomène de dissociation corps esprit et il est nécessaire ressentir notre corps afin de rester ancrés à la réalité, aussi brutale soit elle.

– Se réunir. Un attentat a pour objectif d’impacter physiquement et psychologiquement des personnes et donc une société. De la déstabiliser, de la rendre friable, fragile, de la morceler en créant des sources de peur : les lieux, l’autre, un moment de la journée. Donc d’isoler les personnes dans des peurs propres. Il est donc nécessaire de se réunir aussi bien sur son lieu de travail qu’en famille ou avec des amis. Cela préserve les liens sociaux que tentent d’affaiblir ce type d’évènement.

– Utiliser la Parole pour accepter psychologiquement la réalité de l’évènement.
Parler de l’événement et des émotions associées permet de prendre une première distance de l’événement, en le décrivant on le met « hors de soi » et en le mettant en commun on le fait exister comme un événement collectif et partagé. Le fait de partager les ressentis, les émotions, les peurs, permet de ne pas se sentir isolé dans sa détresse et avoir le sentiment d’appartenir au groupe social.

– Préserver ses habitudes  afin de ne pas créer une cassure supplémentaire associée à l’événement traumatique, cela est nécessaire même quand on a l’impression de ne pas éprouver le même plaisir qu’avant dans ses activités.

– Donner du sens
Dans le cas d’attaques terroristes, l’impact émotionnel freine, voire empêche la mise en place d’une pensée objective nécessaire pour donner du sens à l’évènement précisément car celui-ci a fait exploser la réalité connue et acceptée. De surcroît, ces évènements nous obligent à reformuler notre rapport à la réalité : nous devons accepter les conséquences réelles, les victimes, de quelques chose d’inacceptable, à savoir la violence meurtrière. Construire sa pensée par la parole, dans l’échange avec un cadre défini aide à accepter psychiquement l’évènement.
Il est important de noter que même après 72 heures nous pouvons intervenir afin d’intégrer l’événement.

Si malgré l’observation de ces indications nous avons le sentiment d’une recrudescence des symptômes il est important de faire appel à un professionnel, psychologue ou psychiatre spécialisé dans le trauma.

Il existe aujourd’hui des prises en charge parfaitement adaptées à ce type de trauma récent comme l’EMDR avec ses protocoles de prise en charge post trauma immédiate, ce qui permet de faire appel à sa propre capacité de résilience et de guérison.

Ne pas différer sa prise en charge est important car plus la prise en charge est rapide plus la thérapie est brève.